C’est une nouvelle qui va faire grincer bien des dents en Corse : Ajaccio est désormais la ville la plus chère de France en matière d’assurance auto. L’île de Beauté, réputée pour ses paysages et son cadre de vie idyllique, cache en réalité un vrai paradoxe pour les automobilistes. En 2025, selon plusieurs comparateurs, la capitale corse dépasse même Paris sur ce terrain-là, avec des primes moyennes qui donnent le vertige.
Ajaccio décroche en 2025 un triste record : le prix moyen d’une assurance auto y atteint 1 164 € par an, soit bien au-dessus de la moyenne nationale, estimée à 630 €. Longtemps en tête du classement, Paris se voit détrônée, confirmant une évolution inattendue de la cartographie des tarifs.
Cette explosion des prix dans une ville de taille moyenne interroge. Car traditionnellement, ce sont les grandes métropoles (Paris, Marseille, Lyon) qui concentrent les primes les plus élevées. Ajaccio, avec ses 75 000 habitants, semble faire figure d’exception, mais les raisons de cette hausse sont bien réelles.
Les assureurs s’appuient sur des modèles statistiques complexes pour déterminer leurs tarifs. À Ajaccio, plusieurs facteurs se combinent pour expliquer ce niveau tarifaire élevé.
La fréquence des sinistres déclarés, notamment les accrochages et les vols, est plus importante que la moyenne. S’ajoute à cela le coût de réparation des véhicules, souvent plus élevé du fait de l’insularité et du prix du transport des pièces détachées.
De plus, certains quartiers d’Ajaccio sont perçus comme à risque par les assureurs, ce qui entraîne des surprimes automatiques, voire des restrictions de couverture. Enfin, la faible concurrence locale entre assureurs n’encourage pas à tirer les prix vers le bas.
Contrairement à d’autres grandes villes où les conducteurs peuvent choisir entre de nombreux prestataires, Ajaccio souffre d’un marché plus restreint. Peu d’agences physiques, des options limitées et une dépendance accrue aux contrats en ligne : les assurés ont moins de leviers pour faire jouer la concurrence.
Dans ces conditions, les compagnies qui opèrent sur l’île peuvent appliquer des grilles tarifaires plus élevées sans risque de perdre leurs clients. Cette situation crée un cercle vicieux où l’assuré se retrouve captif d’un marché peu flexible.
Ce cas d’Ajaccio met en lumière les limites d’un système de tarification trop rigide, qui peine à intégrer les spécificités locales.
Si les assureurs veulent garder la confiance des assurés insulaires, ils devront innover : proposer des offres sur mesure, intégrer des critères plus fins et surtout, encourager la prévention plutôt que la pénalisation.
Car aujourd’hui, de nombreux automobilistes corses ont le sentiment d’être victimes d’un système aveugle, qui ne reflète pas toujours leur comportement au volant, mais uniquement des statistiques globales.
La montée des start-ups insurtech, avec leurs approches plus personnalisées, pourrait venir bousculer ce statu quo dans les années à venir.